Les cents jours de Donald Trump à la Maison Blanche ont plongé de nombreux africains dans la confusion, du fait de l’interruption brutale de nombreux programmes de santé destinés aux populations les plus vulnérables.
Le gel par exemple du plan d’urgence du président des États-Unis (PEPFAR), le plus grand programme de lutte contre le Sida instauré par Georges Bush en 2003, a mis un coup d'arrêt à la prise en charge de millions d’Africains. Cette situation a certainement accru les risques de mortalité et de propagation du VIH/SIDA en Afrique, déplore Coalition plus, un réseau international d’associations africaines de lutte contre le VIH/SIDA.
D'après les données du ministère camerounais de la Santé par exemple, le PEPFAR représente à lui seul 38,2% du budget destiné à la lutte contre le VIH/SIDA en 2025. C’est dire si les actions de prévention, de dépistage et de lutte contre le VIH/ sont compromises dans ce pays.
En 22 ans en effet, le PEPFAR a sauvé la vie d’au moins 26 millions de personnes sur le continent et favorisé la naissance sans risque de plus de 5 millions de bébés, d'après l’OMS.
Fin de facto de l’Agoa
Outre l’humanitaire, la méthode Trump impacte aussi l'économie africaine. Ennemi juré du multilatéralisme, Trump privilégie les relations d’État à État.
C’est ainsi qu’il a précipité la fin de l’Agoa (L'African Growth and Opportunity Act). La loi sur les opportunités et la croissance africaine, a été adoptée par le Congrès américain en 2000 et signée par le président d’alors, Bill Clinton. Elle permettait aux pays africains d’exporter vers les États-Unis des milliers de produits sans droits de douane comme les textiles et l’agro-alimentaire.
Américains et Africains devraient incessamment discuter de l’avenir de l’Agoa qui expire en septembre prochain. Eu égard aux nouvelles mesures tarifaires majorant les importations africaines entre 10% et 50 % (le cas du textile du Lesotho), il “sera difficile de sauver le programme de préférences commerciales”, selon le ministre sud-africain du Commerce, Parks Tau, en dépit des assurances de certains officiels du secrétariat d’État.
De même, il faudra aussi relever le démantèlement du Millenium challenge corporation, une agence de financement des infrastructures africaines, instaurée par Georges Bush il y a vingt ans.
Au-delà du gel de nombreux programmes humanitaires et de l’Agoa, la réflexion sur la diminution de la présence diplomatique américaine en Afrique serait aussi envisagée, croit savoir le New York Times. "Toutes les ambassades et tous les consulats non essentiels en Afrique subsaharienne seront fermés", indique un projet de décret. Toutes les missions restantes seront regroupées sous l'autorité d'un conseiller principal, l’homme d’affaires Massad Boulos actif dans le business des véhicules au Nigeria.
L’Afrique du sud en ligne de mire
L’Afrique du Sud est particulièrement visée par , Donald Trump qui n’épargne pas son énergie lorsqu’il faut “réprimer” ce pays qui, outre son leadership économique, son rayonnement diplomatique, est en première ligne dans le soutien au peuple palestinien, en proie à la guerre génocidaire israélienne à Gaza depuis 18 mois.
Le 13 mars dernier, les États-Unis ont en effet expulsé Ebrahim Rasool, l’ambassadeur d’Afrique du Sud en poste à Washington.
Marco Rubio, le secrétaire d'État américain, disait de cet ambassadeur qu’il “nourrit des tensions raciales, hait les États-Unis et le président (Trump, ndlr)”, à la suite de ces critiques contre Donald Trump, accusé alors d'implémenter une “politique suprématiste”.
Intérêt pour les métaux critiques
Finalement, aux yeux de Donald Trump, l’Afrique se réduirait-elle à une simple source d’approvisionnement de minerais rares comme le coltan, notamment ?
L’implication appuyée des Etats-unis pour la résolution de la crise dans l’est de la RDC est manifeste. Ce pays recèle abondamment de minerais critiques à même de conférer aux États-Unis un avantage comparatif sur la Chine, son principal challenger économique.
Alors que l'instabilité dans l’est de la RDC s’enlise depuis plus de deux décennies, les États-Unis sont en train d’imprimer un timing au pas de course à Kinshasa et Kigali, pour sortir de l’impasse.
A la suite des déclarations de principe arrachées par le Qatar le 23 avril, la RDC et le Rwanda se sont engagés deux jours plus tard au département d’Etat en présence de Marco Rubio à élaborer - au plus tard le 2 mai - un avant-projet d’accord de paix. L’objectif final pour Washington est de baliser le chemin, afin de conclure un accord avec la RDC pour l’approvisionnement en minerais critiques.
Lire aussi: Gel de l’aide américaine, potentielle catastrophe en Afrique