FRANCE
5 min de lecture
Assassinat d’Aboubakar Cissé: cri de colère contre l’islamophobie en France
Des manifestants ont défilé dimanche à la mémoire du jeune musulman tué dans une mosquée de France, accusant des membres du gouvernement et des médias de droite d’entretenir l’islamophobie.
Assassinat d’Aboubakar Cissé: cri de colère contre l’islamophobie en France
Manifestations à Paris contre la mort de Boubakar Cissé... / AA
28 avril 2025

Trois jours après le meurtre d’Aboubakar Cissé, un jeune Malien poignardé à 40 reprises vendredi à l’intérieur de la mosquée de la commune gardoise de La Grand-Combe, l’auteur s’est “rendu de lui-même” dimanche vers 23 heures, dans un commissariat de Pistoia, en Italie, a annoncé le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini.

“C’est une très grande satisfaction pour le procureur que je suis. Face à l’efficacité des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire”, a-t-il déclaré.

Les réactions n’ont pas tardé à affluer de la part de la classe politique française, à commencer par le président Emmanuel Macron.

Le chef d’État français a assuré, dimanche, que “le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France”. Il a également exprimé “le soutien de la nation” à la famille de la victime et  aux Français de confession musulmane.

Mediapart relève que le ministre de l'Intérieur Bruneau Retailleau qui a fait du “discours anti-musulman un de ses marqueurs politiques” a mis deux jours avant de se rendre à Alès. 

Le drame a eu lieu vendredi, aux alentours de 8h30. Le meurtrier présumé pénètre dans l’enceinte de la mosquée de La Grand-Combe et tombe sur Aboubakar, un homme de 24 ans d’origine malienne. Aboubakar intervient régulièrement dans la mosquée pour le nettoyage du bâtiment.

Dans la salle de prière, le meurtrier poignarde sa victime à une quarantaine de reprises, notamment au torse et à l’abdomen. Il sort ensuite son téléphone et filme la victime en train d’agoniser. “Ton Allah de m****”, “je l’ai fait”, déclare-t-il dans une succession de propos décousus, rapporte l’AFP.

Pour le procureur, les faits laissent penser à “un stratagème élaboré dans l’intention de tuer un fidèle musulman”. “La piste d’un acte antimusulman est privilégiée mais n’est pas la seule”, a ajouté Abdelkrim Grini dimanche.

Les grands absents aux manifestations

Dimanche, seuls des élus locaux de gauche ont pris part au rassemblement à Grand-Combe . Le maire LR (Les Républicains) et président de l’agglomération d’Alès, Christophe Rivent, était absent. Il en est de même pour le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui était pourtant au même moment à Alès, à une dizaine de kilomètres seulement, selon Mediapart. 

À Paris aussi où la droite a brillé par son absence et son mutisme, les manifestants en compagnie des leaders politiques de gauche, ont hué la chaîne d’extrême droite CNews et les autres médias du groupe du milliardaire Vincent Bolloré, accusés de propager un climat de haine.

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (LFI), a dénoncé les discours du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau : “Qu’un ministre de l’intérieur puisse terminer une réunion en disant “À bas le voile !”… Imaginez qu’il ait nommé autre chose, des crucifix ou que sais-je encore ? […] Alors, quand il y a un environnement pareil, les gens les plus improbables se sentent autorisés à aller au bout de leur violence. […] Il faut surtout des paroles de clarté. L’islamophobie, c’est au-delà de la haine. C’est la déshumanisation”. 

“L’islamophobie est malheureusement suscitée par pas mal de personnes au gouvernement. Je pense à M. Retailleau, par exemple, dans cette espèce de guerre qu’il mène contre une seule religion”, a ajouté le député insoumis Éric Coquerel. 

Il a à ce titre accusé ceux qui tiennent ce discours du “choc des civilisations” de contribuer à la montée de l’islamophobie, de l’antisémitisme et de l’extrême droite. 

Clameur à gauche et mutisme à droite

La clameur unanime de la gauche française contraste avec le silence assourdissant de la droite.

Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’Europe Ecologie les Verts dénonce l’islamophobie ambiante et accuse sur son compte X Bruno Retailleau de “harcèlement envers les musulmans”.

“Certains politiques sont incapables de prononcer le mot islamophobie, peut-être parce qu'ils ont eux-mêmes un problème avec cette religion. Bruno Retailleau est en charge des cultes, mais il s'en prend toujours au même. Il pratique une forme de harcèlement envers les musulmans”, dit-elle.

Olivier Faure, le premier secrétaire du parti socialiste, tance quant à lui le mutisme suspect du ministre de la Lutte contre les discriminations.

“Aurore Bergé ministre de la Lutte contre les discriminations n’a toujours pas réagi à l’assassinat d’Aboubakar. On l’a connue plus réactive et pas toujours à bon escient…”, s’offusque Olivier Faure sur son compte X.

La députée européenne Rima Hassan, élue sous la bannière de la France Insoumise,  déplore pour sa part une politique “raciste” de deux poids deux mesures.

“Quand c’est Aly ou Rima qui dénoncent le manquement de certains politiques : lecture raciste on met des cibles dans le dos, quand d’autres politiques dénoncent ces manquements, ils sont dans leur bon droit et ça ne fait pas l’objet de polémique”, écrit-elle sur son compte X.

En attendant le transfèrement en France de l’auteur présumé d’un crime aux traits islamophobes, une profonde inquiétude a gagné les communautés musulmanes de France.

Lire aussi: Islamophobie en France : racines coloniales et continuités contemporaines



SOURCE:TRT français et agences
Jetez un coup d'œil sur TRT Global. Partagez vos retours !
Contact us