Les Canadiens votent lundi pour choisir le Premier ministre qui devra gérer une crise sans précédent et surtout négocier avec le président américain dont les tarifs douaniers et les menaces d'annexion ont bouleversé le pays.
Le choix des électeurs sera désormais déterminé en fonction de la capacité du candidat à tenir tête à Donald Trump et à défendre le mieux les intérêts canadiens dans ce moment charnière pour le pays.
Deux candidats devancent les autres dans les intentions de vote: le candidat libéral et actuel Premier ministre Mark Carney qui a une longueur d’avance et le chef des conservateurs Pierre Poilievre.
Il y a encore quatre mois, l’issue des élections fédérales canadiennes semblait écrite d’avance. Les conservateurs survolaient les débats, devançant de 20 points dans les intentions de vote le Parti libéral du Canada (PLC), du très impopulaire premier ministre Justin Trudeau.
Mais la donne a changé pour le Parti conservateur qui a pâti de la guerre commerciale lancée par Donald Trump et de ses menaces contre la souveraineté d’Ottawa, et a ainsi vu les intentions de vote dégringoler dans les sondages à la faveur des libéraux.
Le nouveau Premier ministre a affirmé qu’il n’avait "pas l’intention d’aller aux États-Unis", tout en assurant qu’il rencontrerait Trump "au moment opportun".
Selon les derniers sondages, les libéraux sont crédités de 42,8% des voix et les conservateurs de 38,8%. En termes de projections de sièges, les libéraux pourraient être en mesure d'obtenir autour de 200 députés pour une majorité placée à 172.
Les autres partis - le Nouveau parti démocratique (gauche), le Bloc québécois (indépendantiste) et les Verts - pourraient subir de lourdes défaites, victimes en partie du vote utile.
Crise politique
Le Canada est confronté depuis des mois à une crise politique aggravée par le retour de Donald Trump à la Maison blanche et son offensive sans précédent contre son voisin du nord, grand partenaire commercial et allié de longue date.
Entré dans l'arène politique, il y a seulement un mois, Mark Carney, ancien banquier et ex-gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne, promet face à cette offensive de "réinventer" l'économie canadienne.
Depuis qu'il a remplacé Justin Trudeau au poste de Premier ministre, il s'efforce de convaincre les électeurs que son parcours fait de lui le candidat idéal pour cette crise historique que vit le pays avec des droits de douane qui affectent déjà des secteurs clés comme l'automobile et l'acier.
Les États-Unis de Donald Trump "veulent nous briser pour pouvoir nous posséder", a-t-il répété à plusieurs reprises pendant la campagne.

Les provocations de Donald Trump commencent avant même sa prise de fonction officielle.
En face, le chef conservateur, homme politique de carrière de 45 ans, veut que le pays, 9e puissance économique mondiale, tourne le dos aux libéraux. Il promet d'incarner un "changement" en réduisant les impôts, les dépenses publiques et en s'attaquant à l'"idéologie woke".
Des mesures qui le plaçaient largement en tête des sondages, il y a quelques mois encore, avant que Donald Trump ne vienne tout bousculer.
"Nous ne pouvons pas supporter quatre années supplémentaires comme cela", a-t-il estimé lors des derniers jours de campagne parlant d'une trajectoire menant à plus "de désespoir, plus d'inflation".
Campagne électorale mouvementée
La campagne qui s'est déroulée dans un climat tendu a été bouleversée samedi par une attaque à la voiture-bélier à Vancouver, par un homme souffrant de problèmes de santé mentale, selon la police. Cette attaque a tué onze personnes et en a blessé des dizaines d'autres. Le suspect, un habitant de Vancouver de 30 ans, a été inculpé pour huit chefs de meurtre.
Dans cet immense pays, qui s'étale sur six fuseaux horaires, les premiers bureaux de vote ouvrent à 8H30 locales (11H00 GMT) dans les provinces atlantiques. Au total, près de 29 millions d'électeurs sont appelés à voter.
Les résultats devraient être connus quelques heures après la clôture du vote, à 19H00 côté Pacifique (2H00 GMT mardi).