Le bilan a été terrible pour cette île du pacifique: 5000 émeutiers, 14 morts, 975 blessés, 2 milliards d’euros de dégâts, 13 000 emplois perdus, des écoles brûlées, 500 entreprises détruites ou endommagées, des barrages qui ponctuent encore aujourd’hui l’entrée dans certains quartiers, des renforts de police envoyés par Paris, 243 incarcérations et deux camps politiques qui se regardent en chien de faïence.
Les indépendantistes souhaitent l’indépendance et relancer une consultation sur l’avenir de l’île, les Loyalistes estiment que les accords de Nouméa de 1998 sont obsolètes et que la Nouvelle-Calédonie est française après trois référendums où le Non à l’indépendance l’a emporté sur le fil.
S’il fallait un signe de cette crispation, l’échec des discussions sur l’avenir du territoire, qui se sont tenues du 5 au 8 mai 2025 dans la commune de Bourail, l'illustre bien.
Paris a pourtant essayé de concilier les deux camps politiques dans son projet sur le futur statut de l’île. Le ministre de l’Outre-mer, Manuel Valls, a tenté pendant 3 mois de faire adopter cet accord. La formule évite le mot indépendance pour ne pas voir les Loyalistes se braquer mais contenait des gestes envers les indépendantistes. L’île serait “autonomisée” avec de nouvelles compétences régaliennes comme la sécurité, la justice ou la monnaie.
Les Loyalistes (pro-Français) ne veulent pas entendre parler d’un avenir sans la France et voient leur avenir dans une séparation avec la population Kanak qui représente 41% de la population. Ils proposent aujourd’hui l’idée de la séparation de la Calédonie en deux, la province Sud qu'ils contrôlent resterait dans le giron de la France, la province Nord serait indépendante.
La proposition reflète bien le gouffre existant entre les deux camps politiques calédoniens.
Le problème est double, la province Sud concentre une grosse partie des richesses et de la population de l’île et la Constitution française pose le principe de l'indivisibilité de la Nouvelle-Calédonie. L’idée n’a donc pas été acceptée et Manuel Valls est retourné à Paris sans accord.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie devra verser dix millions de francs pacifique (environ 83 850 €) à l’État français et 700 000 francs (environ 5 870 €) à Générations NC pour avoir maintenu le drapeau indépendantiste sur les permis de conduire.
Quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie?
Que va-t-il se passer maintenant ? Le 30 avril dernier, Manuel Valls déclarait avant l’ouverture des discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, “c’est un accord ou le chaos”. Il n’y a de fait aucun accord et tout le monde craint une résurgence des violences à l’occasion de cet anniversaire. La pauvreté est plus que jamais endémique parmi les jeunes Kanaks qui ont fourni le gros des émeutiers.
Un comité de suivi a été mis sur pied pour maintenir le dialogue mais les deux camps ont déjà dans leur viseur les prochaines élections régionales qui doivent avoir lieu avant novembre 2025. Ce scrutin pourrait rebattre les cartes en changeant la composition du Congrès calédonien (l’assemblée délibérante de l’île). C’est en tout cas le souhait de tous, obtenir une majorité qui leur permettrait de peser dans les discussions avec Paris.
Aujourd’hui les indépendantistes représentent la moitié des élus (48%).
À la veille de cet anniversaire, la vente d’alcool à emporter et les rassemblements, défilés et cortèges sont interdits du 12 au 15 mai dans les quatre communes du Grand Nouméa.