Alors que le système humanitaire à Gaza frôle l’effondrement total, la Cour internationale de justice (CIJ) a entamé lundi une série d’audiences d’une semaine visant à examiner les responsabilités juridiques d’Israël concernant la facilitation de l’aide humanitaire aux Palestiniens dans les territoires occupés.
Les audiences, qui ont débuté le 28 avril et se poursuivront jusqu’au 2 mai, font suite à une demande faite en 2023 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
L’ONU a sollicité un avis consultatif de la CIJ sur les obligations d’Israël au regard du droit international, notamment après qu’Israël a interdit à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies) d’opérer sur le territoire.
Ces audiences se déroulent dans un contexte de crise humanitaire croissante à Gaza.

"Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct" commis par Israël dans la bande de Gaza, a dénoncé la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard.
Depuis le 2 mars, Israël restreint l’entrée de nourriture, de carburant, de médicaments et d’autres fournitures essentielles.
Le 18 mars, Israël a repris son offensive militaire dans l’enclave, en violation d’un cessez-le-feu négocié, affirmant vouloir faire pression sur le Hamas pour la libération d’otages.
Lors du premier jour, les représentants juridiques de l’ONU ont ouvert les audiences, suivis de déclarations de la Palestine, de l’Égypte et de la Malaisie.
Qui a dit quoi ?
Palestine
Le haut responsable palestinien Ammar Hijazi a averti les juges que “toutes les boulangeries soutenues par l’ONU à Gaza ont été contraintes de fermer”, ajoutant : “Neuf Palestiniens sur dix n’ont pas accès à l’eau potable. Les entrepôts de l’ONU et des autres agences internationales sont vides. Ce sont les faits. La famine est là. L’aide humanitaire est utilisée comme une arme de guerre”.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a entamé cette semaine à La Haye une série d’audiences centrées sur les obligations humanitaires d’Israël envers les Palestiniens, alors que la crise humanitaire s’aggrave dans la bande de Gaza.
Égypte
Le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, Hatem Kamaleldin Abdelkader, a souligné qu’Israël demeure lié par le droit international humanitaire et le droit des droits humains tant que dure son occupation.
Malaisie
L’envoyée malaisienne Azalina Othman Said a déclaré à la cour : “Ces dernières semaines, nous avons été témoins non seulement d’une guerre renouvelée contre la population palestinienne… mais aussi de déclarations de hauts responsables israéliens ne laissant aucun doute sur l’intention d’Israël de nier aux Palestiniens leur droit à l’autodétermination, jusqu’à leur déplacement et leur élimination”.
Lors du deuxième jour, d’autres intervenants ont pris la parole pour formuler des critiques sévères contre la conduite d’Israël.
Bolivie
Le représentant bolivien, Roberto Calzadilla Sarmiento, a qualifié la situation de “catastrophe humanitaire… marquée par une perte de vies dévastatrice, des destructions massives et l’obstruction systématique de l’aide vitale, conséquence directe des actions coloniales et génocidaires d’Israël”.
Brésil
Marcelo Viegas, représentant du Brésil, a déclaré que l’avis consultatif de la cour était “d’une nécessité urgente alors que la situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer”.
Chili
Claudio Troncoso Repetto, représentant chilien, a insisté sur l’importance du rôle de la cour pour faire respecter le droit international.
Espagne
L’Espagne a affirmé devant la CIJ qu’empêcher les agences de l’ONU d’opérer dans les territoires occupés constitue une violation du droit international ainsi que du droit des Palestiniens à l’autodétermination.
Afrique du Sud
Jaymion Hendricks, représentant sud-africain, a accusé Israël d’”utiliser la famine comme arme” contre les Palestiniens.
Algérie
L’Algérie a appelé la cour à déclarer qu’Israël est “en violation de ses obligations juridiques”, à la fois en tant que membre de l’ONU et en tant que puissance occupante.
Arabie saoudite
Mohammed Saud Alnasser, représentant de l’Arabie saoudite, a cité une ordonnance de mars 2024 de la cour exigeant la “fourniture sans entrave” de l’aide à Gaza. “Tristement, mais sans surprise”, a-t-il dit, “Israël a choisi d’ignorer cette décision, montrant ainsi qu’il se considère au-dessus des lois”.
Belgique
Le professeur de droit belge Vaios Koutroulis a exprimé ses inquiétudes concernant le risque de famine, de malnutrition et d’accès inégal à l’eau, avertissant que “les intérêts militaires et sécuritaires d’Israël doivent être exercés dans le respect du droit international, et non au mépris de celui-ci”.
Colombie
Mauricio Jaramillo Jassir, représentant colombien, a affirmé qu’Israël viole ses obligations en “entravant la fourniture de services de base et d’aide humanitaire à la population palestinienne”.
Aujourd’hui, la cour entend les plaidoiries de la Turquie, du Pakistan, du Panama, de la Pologne, du Qatar, du Royaume-Uni, des États-Unis, de la Russie, de la France, de la Hongrie et de l’Indonésie.