Entre Netanyahu et Donald Trump, les lignes de fractures semblent se multiplier et s’agrandir au sujet de la question d’un cessez-le-feu et de la libération des otages à Gaza, tout comme du dossier des Houthis et de l’Iran.
D’après la presse israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu se serait résigné à l’éventualité d’une réduction de l’aide militaire américaine, comme moyen de pression pour le faire infléchir sa position au sujet de Gaza notamment.
"Je pense que nous devrons nous sevrer de l'aide militaire américaine", a déclaré Netanyahu à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset tard dimanche, rapporte le quotidien israélien Maariv.
Une déclaration aussi surprenante qu’inattendue, alors que Washington est le principal allié de Tel Aviv dans son offensive militaire qui s’est transformée en guerre génocidaire à Gaza.
Outre l’appui diplomatique, politique et militaire, Israël bénéficie chaque année, d’après les propos de Netanyahu, de 4 milliards de dollars des États-Unis pour s'équiper en armement.
Le Premier ministre israélien n’a cependant pas fourni d’autres détails sur les motifs d’une déclaration aussi surprenante, qui intervient à un moment où les relations de Netanyahu avec Trump sont tendues, alors que des informations affirment que le président américain aurait coupé le contact direct avec le Premier ministre israélien, soupçonné de le manipuler.
Pourparlers directs avec le Hamas
Les propos de Netanyahu coïncident avec les révélations qui font état de pourparlers directs entre les États-Unis et le Hamas sur la libération d’Edan Alexander, l’otage israélo-américain détenu à Gaza.
Dans un message, Trump a déclaré que le Hamas avait accepté de libérer Alexander comme gage de bonne foi à l'égard des États-Unis. Il a également parlé de mettre fin à la “guerre brutale” à Gaza. Du reste, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont déclaré que l’otage israélo-américain allait être libéré “aujourd’hui”, lundi.
Les médiateurs ont informé le Hamas qu’à “exactement 9 h 30, Israël a commencé à suspendre ses vols de reconnaissance, de drones et d’avions de combat, ainsi que ses opérations militaires, afin de créer un couloir sécurisé pour le transfert et la remise d’Edan” Alexander, d’après une source au sein du mouvement palestinien à l’Agence France-Presse.
Dans un message publié sur son réseau social Truth, Donald Trump a qualifié cette libération de "geste de bonne volonté envers les États-Unis visant à mettre fin à ce conflit brutal". Il a ajouté : "J'espère que c'est un premier pas vers la fin de cette guerre brutale. J'attends avec impatience un jour de célébration."
Selon toute vraisemblance, commente la chaîne israélienne I24 sur son site internet, Israël aurait été le dernier informé de cette libération, ce qui remet en question la coopération diplomatique et sécuritaire. “Ces dernières semaines, Washington a semblé faire cavalier seul concernant les grands dossiers moyen-orientaux”, a lancé la chaîne.
Fossé grandissant entre Tel Aviv et Washington
La distribution de l’aide humanitaire à Gaza constitue un autre point de discorde entre Washington et Tel-Aviv. Contre l’avis de Netanyahu, les États-Unis ont déclaré qu’ils allaient distribuer l’aide à Gaza sans Israël.
"Les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c'est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement dans Gaza", a affirmé l’ambassadeur américain, Mike Huckabee lors d'un point de presse.
La sécurité aux points de distribution sera assurée "par des prestataires privés", tandis que l'armée israélienne se chargera de la sécurité "à distance" pour les protéger des combats en cours, a-t-il indiqué.
Israël n'a pas commenté ces annonces alors que l’attitude face aux Houthis et à l’Iran constituent d’autres points de divergence.
En effet, la décision de Washington de parvenir à un accord avec le groupe Houthi au Yémen et de l’abandon apparent des efforts visant à garantir la normalisation entre les Saoudiens et les Israéliens, surprendrait Tel Aviv, selon la presse israélienne.
Ces développements reflètent, d’après le quotidien Maariv, un fossé grandissant entre Tel Aviv et Washington, sur fond de tensions entre les deux alliés.
Quoi qu’il en soit, la tournée que Trump entame mardi en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis le 13 mai, sans s’arrêter à Tel-Aviv, renseignera davantage sur l’état des relations entre Washington et Tel-Aviv.
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