La Cour internationale de justice (CIJ) ouvre, lundi à La Haye, une semaine d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers le peuple palestinien, plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre depuis octobre 2023.
Un marathon de cinq jours attend les représentants des Nations unies à la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU située à La Haye (Pays-Bas), à partir de 10H00 (08H00 GMT) devant un panel de 15 juges. La Palestine sera la première partie à faire une déposition, pendant la majeure partie de la journée.
Pendant la semaine, 38 autres pays, dont les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie et l'Arabie saoudite, ainsi que la Ligue des Etats arabes, l'Organisation de la coopération islamique et l'Union africaine, présenteront leurs dépositions.
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté à une large majorité une résolution, présentée par la Norvège, demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".
La résolution demande à la CIJ de clarifier ce qu'Israël est tenu de faire concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'Etats tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Pour la Cour internationale de justice, “l’occupation de la Palestine doit cesser dans les plus brefs délais, (...) et les territoires palestiniens sont une "unité territoriale unique".
La famine guette la population à Gaza
Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent. Il a interrompu l’acheminement le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de guerre génocidaire.
Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a dénoncé vendredi "une famine provoquée par l'homme et motivée par des raisons politiques".
Selon les Nations unies, environ 500.000 Palestiniens ont été déplacés depuis la fin du cessez-le-feu de deux mois.
Israël a repris ses attaques aériennes et terrestres le 18 mars, déclenchant ce que les Nations unies ont décrit comme "probablement la pire" crise humanitaire du territoire depuis le début de la guerre.
Avis consultatifs.. quel impact?
Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas contraignants juridiquement, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.
En janvier 2024, la CIJ avait sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre le passage de l'aide humanitaire à Gaza. En mars 2024, elle avait réclamé - à la demande de l'Afrique du Sud- de nouvelles mesures israéliennes face à "la famine qui s'installe" dans le territoire palestinien.
En juillet dernier, la plus haute juridiction de l’ONU avait rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens et exigeant qu'elle cesse dès que possible.
L'initiative de résolution de la Norvège a été déclenchée par une loi israélienne interdisant, dès la fin janvier, à l'UNRWA d'opérer sur le sol israélien et de coordonner ses activités avec le gouvernement israélien.
Les autorités israéliennes accusent certains employés de l'UNRWA d'avoir participé aux attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas. Ces accusations ont été portées sans preuves, selon des enquêtes indépendantes.