La grogne des agriculteurs refait surface après la crise agricole de 2024 qui a pourtant mené le gouvernement Bayrou à voter une loi dans l’urgence (La loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture a été promulguée le 24 mars 2025) et à promettre des mesures supplémentaires pour aider les exploitants.
Les exploitants font pression sur les députés cette fois. Un communiqué conjoint des Jeunes agriculteurs de la région Île-de-France et de la Fédération Régionale des Syndicats d'Exploitants Agricoles en Île-de-France promet des actions dès lundi autour de la capitale, notamment des blocages.
Le 15 mai courant, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) avait appelé, dans un communiqué, à une mobilisation partout en France dès le 26 mai.
Dans leur communiqué, les agriculteurs accusent les députés de trahison. Selon les syndicats franciliens, les premiers travaux issus des commissions Développement durable et Affaires économiques vont à l'encontre des promesses faites lors des mobilisations inédites en 2024.

Après deux semaines de mobilisation, les agriculteurs ont encaissé deux déceptions: l’annulation des mesures prévues dans le budget 2025 et la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.
"C'est un sentiment de trahison qui anime aujourd'hui la mobilisation", ajoute la même source qui annoncé des actions "coups de poing" et des blocages autour de Paris dès lundi 26 mai pour une durée indéterminée.
Cette menace avait été abandonnée par les syndicats agricoles en 2024 face à la fermeté des forces de sécurité et la mise en garde des politiques.
La proposition de loi “Duplomb” débattue lundi
Lundi prochain, l'Assemblée nationale étudiera une proposition de loi du sénateur Duplomb sur les contraintes pesant sur le métier d'agriculteur alors que les syndicats considérent que le texte proposé ne répond pas aux attentes des professionnels.
Ce texte propose notamment de favoriser le stockage d'eau, donc permettre les bassines dont la pratique est décriée par les associations environnementales.
La proposition prévoit aussi de réintroduire à titre dérogatoire un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis sept ans parce qu’il est responsable de la hausse de la mortalité des abeilles. Cet insecticide est considéré comme vital par les producteurs de noisettes et de betterave.
"Nous avons besoin d’actions concrètes dans nos fermes, qui se voient sur la question de l’eau, sur la question de moyens de production. Donc oui, nous allons nous mobiliser, et à partir du 26 mai, nous appelons avec les Jeunes Agriculteurs (JA) à de nouvelles manifestations, à de nouvelles actions", a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA aux médias français.
Pourquoi le mouvement des agriculteurs repart-il ?
"Nous considérons aujourd’hui après avoir manifesté, travaillé puis subi tout ce qu’il se passe sur le plan politique - quatre premiers ministres en un an - que les réponses et les promesses qui nous sont faites ne sont pas là. Et c’est intolérable pour nous", a soutenu Rousseau.
Pour rappel, une série de manifestations et de blocages routiers avaient été organisés à partir de la mi-janvier 2024 par des agriculteurs, surtout par les syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne, MODEF).
Les agriculteurs demandaient au gouvernement des mesures concrètes et rapides et exprimaient leur colère et leurs revendications face notamment à la baisse de leurs revenus, la hausse des charges, la concurrence déloyale instaurée par les accords de libre-échange et l'empilement des normes liées à une réglementation trop complexe. Ils exigeaient au gouvernement des mesures concrètes et rapides.
En novembre dernier, le mouvement a été relancé par les agriculteurs qui militent notamment contre l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur et regrettent que beaucoup de promesses du gouvernement n'aient pas été tenues.