Le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnue coupable de "dénonciation de délit imaginaire ayant entraîné des recherches inutiles" et de "dégradations aggravées en raison de la religion".
Entre le 19 septembre et le 24 octobre 2024, la prévenue, identifiée comme Nancy S., avait déposé plusieurs plaintes au commissariat local, affirmant avoir découvert des tags antisémites dans les parties communes de son immeuble, situé rue Vaucouleurs, à l’adresse même où avait été tuée Mireille Knoll en 2018.
En tout, dix faits distincts avaient été signalés sur cette période.
Les premières investigations, notamment l’exploitation de la vidéosurveillance et l’analyse des images des accès à l’immeuble, n’ont permis de repérer aucun suspect extérieur. Le 2 décembre 2024, une caméra avait été installée dans le hall de l’immeuble, sans que cela permette d’identifier l'auteur.

En marge d’une manifestation pro-palestinienne à Strasbourg, une simple altercation près d’une boulangerie a été transformée en “attaque antisémite” par l’extrême droite, puis relayée par des élus et une ministre, malgré des faits bien différents.
Montée de toute pièces
Le 20 décembre, Nancy S. a déposé une nouvelle plainte après avoir prétendument reçu un courrier à caractère antisémite. Les vérifications bancaires ont permis d'établir qu’elle avait elle-même acheté le timbre utilisé sur cette lettre.
Un second dispositif de vidéosurveillance a été mis en place dans l’ascenseur. Le 18 janvier 2025, les images montrent Nancy S. et sa fille en train d’inscrire elles-mêmes des inscriptions sur les parois.
Les deux femmes ont été placées en garde à vue le 22 janvier 2025. Nancy S. a ensuite été présentée en comparution immédiate, mais l’audience a été renvoyée au 31 mars. La décision, mise en délibéré, a été rendue ce 15 mai.
Le tribunal a prononcé une peine de 30 mois d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Ce sursis est assorti de plusieurs obligations dont celles de suivre un accompagnement psychologique, justifier d’un emploi ou d’une formation, de ne pas entrer en contact avec sa fille, et ne pas se rendre sur les lieux des faits.