FRANCE
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France : Le Contrôleur général des prisons dénonce un "délaissement coupable"
Dans son rapport d'activité annuel, Dominique Simonnot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dénonce la "croissance inquiétante et nocive de la surpopulation carcérale" pour la quatrième fois consécutive.
France : Le Contrôleur général des prisons dénonce un "délaissement coupable"
Le président français Emmanuel Macron visite la prison de Vendin-le-Vieil / Reuters
21 mai 2025

Rapport après rapport, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) en France, Dominique Simonnot fait le même constat. Dans son dernier rapport annuel qui sera publié ce jeudi, elle fustige un ‘’délaissement coupable’’ à tous les niveaux, pointant certaines décisions du garde des Sceaux, Gérald Darmanin.


‘’Ce délaissement coupable se retrouve partout’’, déclare-t-elle, citant les prisons, les établissements de santé mentale, les centres de rétention administration et les centres éducatifs fermés.


‘’On délaisse ces gens dans des calculs à la petite semaine, des calculs politiques, parce que tout le monde s’en moque […] Sauf que ce sont des calculs à très court terme. Si on regarde plus loin, les dégâts sont énormes’’, a expliqué la CGLPL dans une déclaration aux médias locaux, reprise par Le Monde


Selon le rapport, l'année 2024 a été ‘’marquée pour la quatrième fois consécutive, par une croissance inquiétante et nocive de la surpopulation carcérale’’. Ce phénomène dans les prisons de France révèle ‘’l’échec des mesures’’ prévues par les lois adoptées en 2021 et en 2023, du temps où Eric Dupond-Moretti était Place Vendôme.


Dominique Simonnot estime que ‘’la mise en place d’une régulation carcérale contraignante, fondée sur la loi, demeure plus urgente que jamais’’. Elle exige un mécanisme permettant d’examiner les possibilités de sortie des prisonniers en fin de peine avant d’incarcérer de nouveaux détenus.


Désaccord entre Darmanin et Simonnot


Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,  est totalement défavorable à cette proposition. Dans une lettre envoyée la semaine dernière aux magistrats, il a annoncé ses grands projets pour faire face à ce problème : construction de prisons modulaires (type Algeco, moins coûteuses), expulsion des détenus étrangers et différenciation des prisonniers en fonction de leur niveau de dangerosité.


Pour le moment, la promiscuité induite par la surpopulation carcérale ‘’accroît les risques de conflit’’, et partant, le ‘’nombre des incidents augmente’’, indique le rapport. 


L’accès aux activités – travail, enseignement, sport, activités socioculturelles – est ‘’drastiquement insuffisant dans une très large majorité d’établissements’’, pointe le document qui explique que ‘’l’absence d’activités constitue un facteur évident d’accroissement des tensions […] tant il relève du bon sens le plus élémentaire que le fait de maintenir trois personnes enfermées vingt-deux heures sur vingt-quatre dans neuf mètres carrés, sans autre horizon que télévisuel, ne peut qu’impacter négativement leur santé mentale.’’


Le CGLPL a critiqué la décision de Darmanin d’interdire toutes les ‘’activités ludiques’’ en prison, à l’exception de celles relevant de l’éducation, de l’apprentissage de la langue française ou du sport. Le Conseil d’État a retoqué cette décision ministérielle hier dans son communiqué de presse, jugeant qu’un ministre ne peut interdire, par principe, des activités conformes au code pénitentiaire.


Autre dossier controversé porté par Darmanin : la création de quartiers de haute sécurité (QHS) pour y incarcérer les narcotrafiquants les plus dangereux. Dominique Simonnot y voit une ‘’vertigineuse régression’’ vers ce qui avait été aboli en 1982 par Robert Badinter. Le ministre de la Justice a ainsi lancé l’idée de construire une troisième prison de haute sécurité en Guyane pour les narcotrafiquants et les détenus dangereux d’ici 2028.


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