En annonçant, mercredi 30 avril, avoir engagé la procédure de dissolution du collectif Urgence Palestine, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a provoqué un véritable séisme dans le monde associatif, à fortiori parmi les soutiens de la cause palestinienne.
Né au lendemain du lancement par Israël de son offensive contre les habitants de la bande de Gaza, le collectif Urgence Palestine regroupe de très nombreux militants, dont des figures palestiniennes parmi lesquelles le charismatique Omar Alsoumi.
Le ministre francais de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé avoir engagé la procédure de dissolution du groupe pro-palestinien Urgence Palestine. Une structure qui promeut l’auto-détermination du peuple palestinien
Pour justifier sa volonté de mettre fin aux activités d’Urgence Palestine, Bruno Retailleau a fait état de sa volonté de “taper sur les islamistes”.
“L’islamisme est une idéologie qui essaie d’instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi (…). Il ne faut pas défigurer la cause palestinienne” a-t-il fait valoir à l’antenne de CNEWS et Europe 1.
De son côté, Omar Alsoumi, qui a pris la parole dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, s’est étonné de la démarche du gouvernement français.
“À l’heure où le peuple palestinien fait face au génocide, à la famine, à l’heure où ils veulent détruire, anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c’est insupportable!”, a-t-il lancé.
De fait, Urgence Palestine a annoncé par la voix de ses avocats, Maîtres Vincent Brengarth, Elsa Marcel et William Bourdon, qu’une procédure allait être engagée afin de contester la dissolution du collectif.

À Montreuil, des dizaines de personnes se sont réunies pour un iftar en soutien au peuple palestinien, à l’initiative d’Urgence Palestine
Dans un communiqué de presse transmis à Anadolu par l’un des avocats, ces derniers estiment que l’initiative de Bruno Retailleau porte “une atteinte grave à la liberté d'association mais également à la liberté d'expression, dans un contexte où elles devraient au contraire plus que jamais être garanties au vu de la situation à Gaza”.
“Cette mesure, totalement infondée, s’inscrit dans un mouvement de criminalisation des soutiens à l'encontre de la Palestine” et “est d'autant plus grave alors que les massacres se poursuivent, plongeant Gaza dans une crise humanitaire sans précédent, Volker Türk, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme ayant encore rappelé, le 29 avril 2025 : ‘Israël semble infliger aux Palestiniens à Gaza des conditions de vie de plus en plus incompatibles avec leur existence continue en tant que groupe à Gaza”, est-il noté.
S’agissant des activités du collectif, les trois avocats parisiens soulignent qu’Urgence Palestine est “une organisation politique fondée par des Palestiniens en exil avec leurs alliés engagés contre le génocide à Gaza, le colonialisme et l'apartheid” et qu’elle “organise des manifestations, des conférences, des évènements culturels, des formations et rassemble plusieurs milliers de citoyens de tous les horizons dans plus de 20 groupes locaux”.
Le collectif a lui-même réagi dans un billet publié en ligne et dans lequel il accuse le gouvernement de se livrer à “une attaque à l’encontre des droits démocratiques les plus élémentaires”.
“L’Etat cible nos positions de soutien à l’auto-détermination du peuple palestinien. Or ces dernières sont conformes au droit international. Tenter de les criminaliser et aller jusqu’à dissoudre notre organisation est une entrave grave à la liberté d’expression et à la liberté d’association”, pointe Urgence Palestine qui organise un meeting de soutien ce mercredi 6 mai à Paris, en présence notamment du chef de file de LFI (La France insoumise), Jean-Luc Mélenchon.
Une pétition a, par ailleurs, été mise en ligne pour dire “non à la dissolution d’Urgence Palestine” et recueille à ce stade près de 35 000 signatures de soutien dont celles de l’eurodéputée Rima Hassan, des humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin, ou encore des artistes, Médine et Joey Starr.