Le gouvernement français a annoncé, samedi, son intention d'ouvrir d'ici 2028 une prison de haute sécurité en pleine jungle amazonienne dans le département ultramarin d'Amérique du Sud de Guyane, afin d'accueillir les détenus condamnés aux peines les plus lourdes pour narcotrafic ainsi que des détenus radicalisés.
"J'ai décidé d'implanter en Guyane la troisième prison de haute sécurité de France. Soixante places, un régime carcéral extrêmement strict, et un objectif : mettre hors d'état de nuire les profils les plus dangereux du narcotrafic", a déclaré au journal JDD le ministre de la Justice Gérald Darmanin, à l'occasion d'un déplacement en Guyane.
A plus de 6.000 kilomètres de Paris, Saint-Laurent-du-Maroni est le carrefour stratégique des "mules" venues notamment du Brésil qui, chaque jour, tentent d'embarquer pour l'aéroport d'Orly avec, dans leurs bagages ou dans leur estomac, de la cocaïne provenant du Suriname voisin, sur l'autre rive du fleuve.
C'est également l'ancien port d'entrée du bagne où débarquaient les forçats venus de métropole, de 1850 à 1938.
"Ma stratégie est simple : frapper la criminalité organisée à tous les niveaux. Ici, au début du chemin de la drogue. En métropole, en neutralisant les têtes de réseau. Et jusqu'aux consommateurs. Cette prison sera un verrou dans la guerre contre le narcotrafic", a ajouté le ministre.
Une prison de 500 places
Le garde des Sceaux, qui a fait de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité, souhaite que cette prison "serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic" dans la mesure où "ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles".
Selon le JDD, le permis de construire de ce bâtiment offrant au total 500 places (dont 60 dans un quartier de haute sécurité) situé sur un terrain de plusieurs dizaines d'hectares dans la jungle amazonienne et d'un coût de 400 millions d'euros est en passe d'être signé par le préfet.
En janvier dernier, le ministre de la Justice avait déjà annoncé sa volonté d'isoler d'ici à l'été les "cent plus gros narcotrafiquants" dans "une prison de haute sécurité", préalablement vidée de ses détenus, afin de les empêcher de poursuivre leur activité criminelle depuis leur cellule.
Département le plus criminogène de France en proportion de sa population, la Guyane a connu une année 2023 record en termes d'homicides, avec 20,6 tués pour 100.000 habitants, quand la moyenne nationale s'établissait à 1,5/100.000.
Alors que la surpopulation carcérale bat chaque mois de nouveaux records en France, le président Emmanuel Macron s'est dit, par ailleurs, favorable à la possibilité de "louer" des places de prison dans d'autres pays.
Il a aussi assuré vouloir "changer les règles" pour la construction des 5.000 places de prison en projet, afin d'avoir "des structures plus légères et beaucoup plus rapides à construire".
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