Le journaliste et écrivain franco-algérien est ainsi visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par Alger, selon le magazine Le Point où il est aussi chroniqueur. D’après l’hebdomadaire, le premier mandat a été émis par Interpol Algérie en mars dernier, alors que le second lui a été notifié en ce mois de mai.
Citant les avocats du lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman polémique Houris, Le Point indique que les deux mandats "seraient délivrés par un juge du tribunal d’Oran, ville de l’ouest de l’Algérie où le journaliste et écrivain a vécu avant de s’installer en France".
Apprenant l’existence de ces mandats d'arrêt, l'écrivain a fait savoir, par l’intermédiaire de son avocate, qu'il allait les contester auprès d'Interpol.
"Les motivations de tels mandats algériens ne pourraient qu'être politiques et s'inscrire dans un ensemble de procédures menées pour réduire au silence un écrivain dont le dernier roman évoque les massacres de la décennie noire en Algérie", a déploré l'avocate Me Jacqueline Laffont-Haïk.
La France attentive à l’affaire
La France a été informée de l'émission, par la justice algérienne, de ces deux mandats d'arrêts internationaux contre l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud, a indiqué mercredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, confirmant les informations publiées par Le Point.
"Nous suivons et nous suivrons l'évolution de cette situation avec attention", a déclaré Christophe Lemoine.
Quatre plaintes déposées
Kamel Daoud fait l’objet de quatre plaintes, deux en France et deux en Algérie. La première a été déposée le 18 novembre 2024 au tribunal d’Oran par Saâda Arbane, qui reproche à l’écrivain une atteinte à sa vie privée.
En novembre dernier, un tribunal algérien avait en effet accepté une première plainte visant l'écrivain et son épouse, psychiatre, les accusant d’avoir utilisé l'histoire d'une patiente sans son consentement pour l'écriture de son roman Houris, Prix Goncourt 2024, récompense la plus prestigieuse de la littérature française.
Deux recours avaient alors été déposés contre M. Daoud et son épouse, qui avait soigné Saâda Arbane, une rescapée d'un massacre survenu pendant la décennie noire de la guerre civile en Algérie (1992-2002, environ 200 000 morts).
Malgré la contestation de l’écrivain en affirmant que "son œuvre est une fiction qui s’inspire de cette époque tragique et sanglante qu’il a lui-même vécue et documentée comme journaliste reporter au Quotidien d’Oran", la plaignante et ses avocats ont déposé deux plaintes en Algérie et deux autres en France.
Une audience à Paris ?
Ce mercredi, le journaliste Younes Sabeur Cherif, qui fut le premier à interviewer Saâda Arbane, a affirmé sur les réseaux sociaux que "Kamel Daoud comparaîtra aujourd’hui devant un tribunal parisien, suite à la plainte de son accusatrice algérienne". Selon lui, "les deux mandats d’arrêt internationaux ont été émis par le juge d’instruction près le tribunal d’Oran, en lien avec cette affaire".
Les autorités judiciaires algériennes n’ont, pour le moment, pas communiqué au sujet de ces mandats.