TURQUIE
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Ankara appelle à soutenir la transition politique en Syrie et à alléger les sanctions
La Turquie a publié sa feuille de route pour la stabilité régionale, la lutte contre le terrorisme et le renouvellement de l'engagement avec Damas.
Ankara appelle à soutenir la transition politique en Syrie et à alléger les sanctions
Erdogan-Sharaa / AA
1 mai 2025

Le ministère des Affaires étrangères de la Turquie a publié une déclaration détaillée appelant à un plus grand soutien régional et international pour la transition politique et la reconstruction de la Syrie, suite à ce qu'il décrit comme une “nouvelle ère” dans l'histoire du pays après la chute du régime d'Al Assad.

La déclaration souligne que le peuple syrien s'efforce de surmonter le traumatisme d'un conflit de 14 ans et doit être habilité à façonner son avenir par le biais d'un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes.

Ankara a indiqué que les récentes mesures prises par Damas pour réintégrer la diplomatie régionale et mondiale devaient être soutenues. Elle a averti que le maintien de l'isolement et des sanctions pourrait mettre en péril la fragile stabilité, ajoutant qu'un engagement diplomatique et économique plus large -y compris la levée des sanctions- est essentiel pour une paix durable.

La Turquie y voit une nécessité à la fois humanitaire et stratégique, déclarant que le seul moyen viable d'éliminer les risques d'instabilité est de “renforcer le soutien et d'approfondir l'engagement”.

La vision syrienne de la Turquie : Unité, sécurité et reconstruction

L'épine dorsale de la politique de la Turquie vis-à-vis de la Syrie, selon la déclaration, repose sur la préservation de l'intégrité territoriale du pays, l'élimination des menaces terroristes, la réconciliation nationale et le soutien à la reconstruction par la levée des sanctions. 

La Turquie a réaffirmé sa position contre toute initiative qui porte atteinte à la souveraineté de la Syrie ou qui permet la survie de groupes armés et d'acteurs séparatistes en dehors de l'autorité de l'État.

La déclaration fait état d'une diminution de l'activité militaire dans le sud de la Syrie, où des factions armées seraient en train d'être intégrées dans une nouvelle armée nationale. Toutefois, elle reconnaît que des affrontements localisés se produisent encore, souvent déclenchés par des provocations.

Tensions liées aux activités des terroristes des YPG/PYD

La Turquie s'est inquiétée de l'évolution des relations entre le gouvernement syrien et les FDS dominées par les YPG/PYD, faisant référence à un protocole d'accord signé entre les deux parties. Elle a également critiqué une conférence organisée par l'organisation terroriste YPG/PYD à Qamishli le 26 avril, affirmant que les messages délivrés étaient incompatibles avec l'accord entre les FDS et Damas.

Ankara a réitéré son soutien à l'unité de la Syrie et a mis en garde contre tout arrangement permettant des agendas séparatistes.

Les YPG/PYD sont l'extension syrienne de l'organisation terroriste PKK, qui est responsable de la mort de plus de 40 000 personnes, pour la plupart des civils, y compris des enfants.

Une nouvelle constitution syrienne doit garantir l'égalité

La Turquie a souligné que l'avenir de la Syrie doit être construit sur la base d’une gouvernance inclusive.

Elle attend de toute nouvelle constitution syrienne qu'elle garantisse l'égalité des droits pour tous les groupes ethniques et religieux.

Le ministère des Affaires étrangères a insisté sur le rejet d’Ankara de toute structure limitant la liberté des Syriens d'exprimer leur identité ou leurs croyances. “Toute tentative d'institutionnaliser l'inégalité serait fermement rejetée”, a affirmé le ministère.

La déclaration réaffirme l'opposition de la Turquie au PKK et à ses affiliés. Bien qu'Ankara affirme avoir laissé au gouvernement syrien la possibilité de relever ses propres défis en matière de sécurité, elle a averti que des mesures alternatives restaient sur la table si les entités liées au terrorisme n'étaient pas démantelées.

Elle a à ce titre exhorté le PKK à désarmer et à cesser d'entraver les efforts de normalisation. La Turquie a également précisé qu'elle n'accepterait aucune initiative qui affaiblirait la souveraineté syrienne ou légitimerait des groupes armés en dehors de l’autorité de l'État.

Un centre antiterroriste commun en cours de création

La Turquie a confirmé sa participation à une importante réunion sur la sécurité régionale qui s'est tenue à Amman le 9 mars dernier et qui a rassemblé des responsables des Affaires étrangères, de la Défense et du Renseignement de Syrie et des pays voisins.

Les parties ont convenu d'établir un centre d'opérations commun pour coordonner les mesures de lutte contre le terrorisme. La Turquie a déclaré que le travail technique et diplomatique se poursuivait et qu'une autre réunion était prévue dans la période à venir.

Ankara a, en outre, exprimé sa volonté de s'engager bilatéralement avec la Syrie dans des domaines conformes à ses intérêts de sécurité nationale. Elle s'est déclarée ouverte à aborder tout sujet contribuant à la stabilité mutuelle, dans le cadre d'accords réciproques.

Engagement mondial : Des signes d'évolution, mais conditionnels


Le ministère des Affaires étrangères a conclu en notant que, bien que les États-Unis continuent de garder la Syrie à distance, ils ont également entamé un engagement limité. Washington chercherait, selon les informations, à obtenir des mesures de renforcement de la confiance de la part de Damas comme condition à un allègement des sanctions.

La Turquie a fait des progrès en encourageant les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni à accorder des exemptions et à assouplir les sanctions, et elle poursuit ses efforts diplomatiques pour obtenir la levée de toutes les mesures punitives.

“La levée complète de ces sanctions est essentielle à la reconstruction du pays et à sa réintégration dans le système régional et mondial”, conclut la déclaration.


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