MOYEN-ORIENT
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La Fondation humanitaire de Gaza va distribuer l’aide à Gaza: une initiative américaine controversée
Une ONG, créée par les États-Unis, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), annonce vouloir distribuer l'aide dans l’enclave palestinienne d'ici la fin du mois de mai. Une initiative critiquée et qui pose question
La Fondation humanitaire de Gaza va distribuer l’aide à Gaza: une initiative américaine controversée
Israël empêche toute distribution d'aide alimentaire ou de soins dans la bande de Gaza depuis le 2 mars / Reuters
15 mai 2025

La Fondation humanitaire de Gaza a été créée en février et déclarée à Genève, en Suisse, le personnel est principalement composé d’anciens militaires américains. Les informations concernant cette fondation demeurent limitées, mais les États-Unis avaient apporté leur caution la semaine dernière à cette initiative, sans dévoiler toutefois s'ils y contribuaient de façon directe.

L'annonce ce mercredi du lancement des opérations d'aide d'ici la fin du mois fait suite "à des discussions avec des responsables israéliens visant à permettre l'acheminement d'une aide transitoire à Gaza dans le cadre des mécanismes existants pendant que la construction des sites de distribution sécurisés de la GHF est achevée", a indiqué la Fondation dans un communiqué.

Le plan final a été annoncé la semaine dernière. Il est semblable aux annonces de Donald Trump en début d’année, c’est-à-dire le contrôle de l’aide humanitaire par les Etats-Unis et Israël à Gaza. Les deux pays ne veulent plus travailler ni avec l’UNRWA ni avec les Nations unies.

La fondation se targue en effet d’avoir réuni des “experts chevronnés” pour mettre en place un système de distribution alimentaire à Gaza qui court-circuiterait l’aide humanitaire traditionnelle et aurait recours à des sociétés privées d’anciens militaires.

Quatre centres de distribution pour 1 200 000 personnes

La distribution serait menée à partir de quatre centres en construction et aurait lieu plusieurs fois par mois. Elle prévoit la distribution de près de 300 millions de repas pour une période initiale de 90 jours. Des corridors sécurisés seraient établis, chaque centre de distribution s’occuperait de 300 000 Palestiniens à Gaza.

Une action qui ne couvrirait pas la totalité de la population gazaouie. À terme, l’organisation se dit prête à étendre ses capacités pour venir en aide à 2 millions de personnes, soit globalement l’entièreté de la population de Gaza.

La Fondation a déjà identifié un problème, les accès à la population dans le nord de l’enclave ne sont pas suffisants et l'organisation assure avoir demandé à Israël de nouveaux points de distribution. Selon une lettre de son directeur exécutif, Jake Wood, adressée aux autorités israéliennes et que la Fondation rend publique, "l'accès inadéquat aux zones nord risque d'exclure une partie importante de la population de l'aide vitale et de violer notre obligation de fournir un accès équitable".

L'organisme précise, enfin, que si des déplacements de population sont jugés nécessaires en raison d'opérations militaires, "ils doivent être temporaires, volontaires et uniquement pour des raisons de sécurité".

La Fondation promet une distribution équitable

Vendredi dernier, l'ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, a donné quelques informations sur cette initiative dont les contours restent flous précisant que "les Israéliens vont être impliqués dans la fourniture de la sécurité militaire nécessaire, car c'est une zone de guerre, mais ils ne participeront ni à la distribution de la nourriture, ni même à son acheminement vers Gaza".

La sécurité aux points de distribution sera assurée "par des prestataires privés", tandis que l'armée israélienne se chargera de la sécurité "à distance" pour les protéger des combats en cours, a-t-il ajouté.

C’est bien sur ce point que les Nations unies ont mis en garde. Comment une fondation privée, sous contrôle américain et israélien peut-elle garantir une distribution à tous sans discrimination et avec impartialité ?

"L'ONU ne peut se joindre à aucun effort qui ne respecte pas ses principes de distribution de l'aide humanitaire, notamment l'humanité, l'impartialité, l'indépendance et la neutralité", a déclaré à France 24 Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU.

James Elder, porte-parole de l’Unicef n'a pas mâché ses mots vendredi dernier. "Le plan semble conçu pour renforcer le contrôle sur les produits de première nécessité en tant que moyen de pression et il entraînera de nouveaux déplacements”. Il estime que ce sera pour les Gazaouis un choix "entre le déplacement et la mort".

Vers un contrôle américain de Gaza ?

Les États-Unis soutiennent clairement la décision israélienne de boycotter l’agence des Nations unies, l’UNRWA, accusée d’antisémitisme, voire même d’être infiltrée par le Hamas. Des accusations que plusieurs enquêtes externes n’ont pas corroborées. 

Washington et Tel Aviv souhaitent jouer un rôle central dans la gestion de Gaza, notamment en ce qui concerne l'assistance humanitaire et les conditions de vie de la population. Cependant, cette situation soulève des préoccupations quant à l'équilibre du pouvoir et à la souveraineté locale.

Pour rappel, Donald Trump a choqué le monde en février dernier en annonçant vouloir gérer Gaza et la transformer en “riviera du Proche-Orient”. Des paroles qu’il vient de réitérer ce jeudi au Qatar. "J'ai des concepts pour Gaza qui je pense sont très bons”, a-t-il déclaré devant la presse. Le Président américain affirme qu'il aimerait que les États-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza, pour en “faire une zone de liberté", a-t-il affirmé lors de sa visite. 

Plus aucune aide humanitaire n'est entrée depuis le 2 mars dans le territoire palestinien, pourtant vitale pour les 2,4 millions de Gazaouis qui y habitent, et nombre d'organismes, dont Médecins du Monde, Médecins sans frontières et Oxfam, ont alerté sur le risque d'une "famine de masse" si le blocus de l'aide par l'armée israélienne se poursuit.

Le 18 mars, l'armée israélienne a rompu une trêve de deux mois et repris son offensive à Gaza.

Le Hamas a appelé le président américain Donald Trump à "poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre", déclenchée par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre 2023. 

SOURCE:TRT français et agences
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