Alors que les relations franco-algérienne sont bloquées, selon le Figaro, une délégation d’une trentaine d’élus français, dont des députés et sénateurs de la gauche et du centre, est attendue ce mercredi en Algérie dans le cadre d’une visite pour le 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945.
Massacre du 8 mai
Alors que la France célébrait, le 8 mai 1945, la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, une autre histoire se jouait de l’autre côté de la Méditerranée. À Sétif, Guelma et Kherrata, trois villes de l’est algérien, des manifestations indépendantistes éclataient.
Des drapeaux algériens y étaient brandis, symbole d’une aspiration à l’émancipation. La répression coloniale fut immédiate et d’une extrême violence : si les autorités françaises avancent un bilan de 1 500 à 20 000 victimes, dont 103 Européens, les Algériens, eux, parlent de 45 000 morts.
Depuis mai 2020, le président Abdelmadjid Tebboune a instauré une "Journée de la Mémoire", célébrée chaque 8 mai, en hommage aux victimes de cette tragédie. Cette année, une cérémonie est prévue à Alger jeudi, suivie d’un déplacement officiel à Sétif le samedi 10 mai, selon le programme provisoire de la délégation.
Relation tendue
Mais cette commémoration survient dans un climat diplomatique tendu entre Paris et Alger. La récente expulsion réciproque de douze agents de l’ambassade de France et du réseau consulaire algérien a figé le dialogue entre les deux pays. "À ce stade la situation est bloquée et c’est la responsabilité des autorités algériennes", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, mardi sur RTL. L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, rappelé à Paris, n’a toujours pas regagné son poste à Alger.
Face à cette impasse, Paris avance avec prudence. "Il aurait été très compliqué pour Alger de ne pas donner suite à la demande des élus, au regard de la charge symbolique de cet anniversaire. Mais il est vrai que maintenir ainsi le lien est quelque chose de positif", confie-t-on au Quai d’Orsay.
Parmi les membres de la délégation figurent Laurent Lhardit, député socialiste et président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste présidente de la commission des affaires culturelles, Danielle Simonnet, députée de Paris ex-LFI désormais au groupe écologiste, Stéphane Peu, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale ou encore Belkhir Belhaddad, député non-inscrit ex-Renaissance.
Côté algérien, la venue d’une délégation française et la délivrance de visas à ses membres sont perçues comme un geste fort. Une source diplomatique locale y voit "un signal positif fort" adressé à Paris.