FRANCE
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Vers une peine moins lourde ? Retour sur le procès en appel d’Amira Zaiter
Six mois après la décision du Tribunal Correctionnel de Nice, Amira Zaiter comparaît devant la Cour d’appel d’Aix-en-Provence. La jeune femme est revenu sur les treize tweets qui lui ont valu sa condamnation à trois ans de prison dont un ferme.
Vers une peine moins lourde ? Retour sur le procès en appel d’Amira Zaiter
Amira Zaiter durant son procès en appel devant la Cour d'Aix-en-Provence / Others
15 mai 2025

Dans les couloirs de la Cour d’Appel, Amira Zaiter se tient droite. Son petit carnet bleu à la main, son visage est fermé, sûrement l’appréhension face à ce qui l’attend. Après avoir patienté deux longues heures  aux côtés de sa sœur et de sa fille, son procès commence enfin après un dernier baiser à sa fille et ces simples mots pour rassurer l’enfant, “ça va aller”.

La jeune niçoise a décidé de faire appel de la décision de justice prononcée en novembre dernier. Maître Kada Sadouni, avocat au barreau de Nice ne voulait pas faire appel, mais il a finalement suivi les envies de sa cliente : “L’objectif est de désamorcer son image d’antisémite et d’obtenir une peine beaucoup plus clémente”. 

 Un premier procès sévère

Cette affaire commence à l’été 2024, après plusieurs plaintes déposées contre elle par des associations et des citoyens français, une perquisition a lieu au domicile d’Amira Zaiter et la jeune femme est placée en garde à vue. Sont retenus contre elle, treize publications sur son compte X et trois chefs d’accusation d’apologie d’acte de terrorisme, d’apologie de crime contre l’humanité et de provocation à la discrimination et à la haine raciale. 

Elle est placée en détention provisoire le 19 septembre dernier et appelée en comparution immédiate. Amira Zaiter est finalement condamnée à 3 ans de prison dont 1 ferme avec bracelet électronique. Elle doit aussi payer plusieurs amendes aux parties civiles.

Libérée début novembre après un mois et demi d’emprisonnement, elle a été exclue de son école d’infirmière au terme d’une procédure disciplinaire engagée par l’institut de formation après sa sortie de prison.

Dans un entretien à Anadolu à la veille de sa comparution, la mère de famille est revenue sur son état d’esprit alors qu’elle se trouve toujours dans une situation personnelle compliquée depuis cette procédure.”Je suis encore marquée par ce que j’ai vécu. Il y a de la peur, du stress, mais aussi l’envie d’assumer et de tourner la page”, explique la Niçoise de 34 ans.

Obtenir une peine moins lourde

Elle “espère une relecture honnête de (son) dossier et peut-être une peine plus juste, plus adaptée” que celle infligée en première instance par le tribunal correctionnel de Nice et qu’elle qualifie de “lourde”.

Lorsque le président du tribunal aixois lui demande pourquoi elle a décidé de faire appel, Amira répond calmement : “ Mon jugement a été très sévère, j’étais en détention au moment de mon procès donc je n’ai pas pu me préparer correctement. Aujourd’hui, j’ai pris du recul, j’ai des regrets et je reconnais ma culpabilité pour onze des publications du dossier”.

Pendant les débats qui ont duré plusieurs heures mercredi, Amira est revenue sur ses publications en répondant aux questions de la Cour d’appel. Elle a pu s’expliquer, parfois admettre avoir dépassé les limites et même exprimé de la honte face à certaines de ses publications. Le mot “amalgame” revient à plusieurs reprises dans son échange avec le président du tribunal. La jeune femme explique avoir pu mélanger des propos et des idées dans les publications qui lui causent du tort aujourd’hui. 

Une militante pro-palestinienne venue assister au procès en profite pour faire un commentaire discret. “On peut tous se retrouver devant le tribunal. Moi, je prends toujours soin dans mes posts d’écrire : le gouvernement d’extrême droite israélien, et c’est sûrement pour ça que je passe entre les mailles du filet”.

Des doutes pour la partie civile

La partie civile est composée de cinq avocats de la LICRA, de l’Association Juive Européenne, de CRIF Sud-Est et de l’avocat d’Ilan Choucroun, un jeune Français réserviste dans l’armée israélienne et qui a été ciblé dans certains tweets d’Amira.  

Lors de leurs plaidoiries, des interrogations persistent sur la sincérité de l’accusée et de ses regrets. Plusieurs raisons sont invoquées, la jeune femme a fait exercer son droit au silence lors de leurs questions. Ce qu’elle a déjà fait lors de son premier procès, avant de reposter des messages problématiques sur le réseau social X.

Tandis que ses avocats insistent sur un “début d’introspection qu’il faut encourager et accompagner”, l’avocat général partage le ressenti des parties civiles. Il a demandé à la cour une confirmation de la culpabilité d’Amira Zaiter. Les délibérations ne seront connues que le 25 juin prochain.

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