Le texte révèle un malaise profond, nourri selon ses auteurs par un climat de peur, de pression hiérarchique et d’autocensure croissante.
D’après la SDJ, de nombreux journalistes hésitent à exprimer leurs désaccords, notamment sur les choix éditoriaux ou l’organisation du travail, de crainte d’être perçus comme “rebelles” et d’en subir les conséquences.
Cette mise à l’écart passerait par l’attribution de missions moins valorisantes, excluant ceux qui s’expriment ouvertement des reportages majeurs ou des éditions les plus regardées.
“Être “mal vu”, estampillé “rebelle”, est synonyme de mise à l'écart des “belles missions” en France ou à l'étranger, des magazines, des “spéciales”... et bien sûr du 20H”, affirme la SDJ.
L’organisation évoque un affaiblissement du débat interne et un recul de l’esprit critique, éléments pourtant fondamentaux dans une rédaction journalistique. Elle appelle ainsi à une reprise de la parole professionnelle, considérée comme nécessaire au bon fonctionnement du service public d’information.
Aboubakar Cissé, Gaza… des sujets pas traités
Le communiqué cite plusieurs exemples de sujets qui auraient été absents ou très peu couverts dans les journaux de France Télévisions. Parmi eux : la réforme de l’audiovisuel public, actuellement débattue au Parlement, mais absente des journaux depuis octobre 2024 selon la SDJ.
“Toute la presse en parle, sauf nous ! Pourquoi ? Pas un seul sujet depuis octobre 2024 !”, déplore le communiqué à propos de la réforme de l’audiovisuel public.
Le collectif interroge également la faible couverture du conflit à Gaza par rapport à celle de la guerre en Ukraine, malgré l’ampleur des événements en cours et les nombreuses sources disponibles.
“Autre exemple : Gaza. Pourquoi si peu de sujets à l'antenne ? Pourquoi cette différence de traitement alors que les sujets sur l'Ukraine ne manquent pas dans nos journaux ? Nous pourrions, eu égard à l'horreur qui s'y déroule chaque jour, au moins relater ce qui s'y passe via les images fournies par les agences”, interrogent-ils.
Autre exemple mentionné : l’absence de traitement journalistique du sit-in organisé le 16 avril par des confrères dénonçant la mort de nombreux journalistes palestiniens, ainsi que le silence autour de la mort d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard.
“Vendredi dernier, aucun sujet sur le meurtre d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. Un deux poids deux mesures. L'information serait-elle passée inaperçue s'il s'était agi d'un autre lieu de culte ?”, s'indignent-ils.
Selon la SDJ, ces omissions posent la question d’un traitement inégal de l’information.
La SDJ déplore, par ailleurs, une tentative de sanction envers une ancienne présidente de l’organisation, aujourd’hui membre du bureau, qu’elle perçoit comme une mesure de rétorsion pour avoir pris la parole publiquement.
L’organisation réaffirme son engagement en faveur de l’indépendance éditoriale, et invite les journalistes de la rédaction nationale à faire entendre leur voix.
Tout en affirmant ne pas vouloir se poser en donneur de leçons, la SDJ revendique un rôle d’alerte et de relais des préoccupations internes. Elle appelle à un sursaut collectif afin de restaurer un climat de liberté et de dialogue au sein de la rédaction.
“Journalistes, reprenez la parole !”, conclut le communiqué.