La France se fixe “trois mois” pour “mobiliser ses partenaires européens” et parvenir à un accord européen contraignant les réseaux sociaux à vérifier l’âge des adolescents les utilisant, déclare la ministre Clara Chappaz dans La Tribune dimanche. Dans le cas contraire, le gouvernement menace de prendre des sanctions, avant de lancer la semaine prochaine l’opération de déconnexion “10 jours sans écrans”.
“Je veux que chaque famille, chaque classe puisse se poser la même question : quelle place voulons-nous laisser aux écrans et en particulier aux réseaux sociaux dans la construction de nos enfants ?”, insiste la ministre.
Chapaz ne manque pas d’attirer l’attention sur les effets secondaires des réseaux sociaux sur la nouvelle génération.
“Regardez ce que provoquent certaines tendances sur TikTok, comme #SkinnyTok : elles normalisent la maigreur extrême, glorifient le contrôle permanent de l’alimentation. C’est un détonateur pour des jeunes déjà fragilisés. Ma priorité, c’est de protéger nos enfants des excès du numérique. Cela suppose de mettre des limites claires. Et la première d’entre elles, c’est l’âge auquel on peut accéder aux réseaux”. Et pour Clara Chappaz : “Les réseaux sociaux, avant 15 ans, c’est non”.
Risques sur la santé publique
Selon la responsable française, ces adolescents sont trop jeunes pour les contenus auxquels ils peuvent être exposés. Sans compter le risque avéré d’addiction. “Savez-vous qu’il existe aujourd’hui des unités hospitalières dédiées pour traiter l’addiction des jeunes aux écrans ! En France, les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme. Oui, nous sommes face à une crise de santé publique, et il est temps d’y répondre à la hauteur du problème.
En juin 2024, Emmanuel Macron s’était prononcé pour l’interdiction du téléphone avant 11 ans et des réseaux sociaux avant 15 ans, après avoir reçu, deux mois auparavant, les travaux d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. “À l’échelle européenne, nous avons un cadre d’action de référence : le règlement sur les services numériques (Digital Services Act)”, poursuit Clara Chappaz. “Mais il faut aller plus loin pour renforcer sa portée, afin qu’il contraigne les réseaux sociaux à ne pas accepter la création de comptes sans vérification d’âge”, ajoute-t-elle.
La vérification d’âge est impérative
Face à l’argument des plateformes sur la difficulté de vérifier l’âge des utilisateurs, la ministre de l’IA et du Numérique le balaie d’un revers de manche. “Cette affirmation est devenue leur excuse préférée. Elle est fausse. Les plateformes, qui comptent parmi les entreprises les plus avancées technologiquement, savent tout de nos enfants : leurs goûts, leurs rythmes de sommeil, les vidéos qu’ils regardent quand ils ne vont pas bien. Elles sont capables de pousser un contenu ciblé à un enfant de 11 ans, mais elles ne sauraient pas vérifier s’il a 13 ou 15 ans ?” .
Face à ce constat, le ministre se donne trois mois pour mobiliser les partenaires européens autour d’une ligne simple : la vérification d’âge comme impératif.
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