Le 5 mai 2025, Willy Beauvallet-Haddad, vice-président de l’Université Lumière Lyon 2, a annoncé sa démission.
Dans un message adressé à ses collègues, il affirme être la cible d’un “harcèlement” et d’une “campagne de dénigrement public”, en raison de ses prises de position personnelles sur le Moyen-Orient.
La décision de Willy Beauvallet-Haddad intervient dans un climat déjà tendu au sein des universités françaises, marquées par plusieurs controverses liées à la question palestinienne.
L’universitaire démissionne du poste de vice-président pour “faire baisser la pression très forte qui pèse sur l’institution” et “protéger ses intérêts”. Il conserve toutefois son poste de maître de conférences en science politique.

Des étudiants mobilisés pour la cause palestinienne ont été délogés mardi soir par les forces de l'ordre de locaux de Sciences Po Paris, prestigieuse grande école française qu'ils occupaient depuis la fin d'après-midi.
“La grande cause palestinienne”
Dans son message, il affirme avoir été ciblé “en raison de prises de position personnelles relatives à la situation en Palestine et au Liban”.
En cause notamment : un message publié sur X en septembre 2024, dans lequel il rend hommage à Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, tué lors d’une frappe israélienne.
“Il est mort au milieu des siens pour la grande cause (palestinienne et arabe) et il a rejoint le panthéon de nos cœurs”, écrivait-il alors.
Cet hommage a rapidement suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux de la part des inconditionnels d’Israël. Si Beauvallet-Haddad insiste sur le caractère personnel de ses prises de position, cela a été perçu par ses détracteurs comme une forme de légitimation d’un groupe classé comme “organisation terroriste”.

Une manifestation a eu lieu devant Sciences Po à Paris pour dénoncer l’expulsion de trois étudiants après des protestations pro-Palestine
Or, en France, seule la branche militaire du Hezbollah est officiellement désignée comme terroriste, ce qui rend le débat plus flou juridiquement.
En démissionnant, Beauvallet-Haddad affirme vouloir préserver l’université, mais il dénonce aussi une forme d’atteinte à ses droits fondamentaux :
“L’Université Lumière Lyon 2 est une belle communauté dont il nous appartient de continuer à défendre l’autonomie et l’identité : diverse, ouverte, tolérante et progressiste”, écrit-il.
Il ajoute qu'il continuera de s'engager "avec le cœur et la raison, pour la pleine application du droit international et des droits des humains en Palestine et au Proche-Orient".
Entre expulsions et pressions, depuis plus d’un an, les autorités françaises ciblent aussi bien les professeurs que les étudiants, les soumettant à des campagnes répétées de dénigrement en raison de leur engagement pro-palestinien.
En novembre 2024, la région Île-de-France avait conditionné ses subventions aux universités à la signature d’une “charte républicaine”, exigeant notamment le respect de l’ordre public.
Cette mesure, justifiée par la présidente de région Valérie Pécresse comme une réponse aux perturbations liées au conflit israélo-palestinien, a été perçue par certains juristes et universitaires comme une atteinte à l’autonomie des établissements.