La justice américaine s'est finalement opposée samedi soir à la reprise d'antenne et au retour au travail de journalistes de la radio internationale Voice of America (VoA) que le président Donald Trump entend démanteler, comme d'autres médias publics.
Une cour d'appel fédérale a contrecarré un projet de retour au travail de plus de 1 000 employés de Voice of America (VoA), après qu'une décision antérieure a accordé un sursis temporaire au décret de Donald Trump démantelant le service d'information financé par les contribuables américains pour les auditeurs étrangers.
Il semble désormais peu probable que les radiodiffuseurs reprennent le travail tant que l'affaire n'aura pas été tranchée par les tribunaux.
Une décision rendue samedi par un tribunal de circuit divisé du District de Columbia a essentiellement statué que les tribunaux devaient s'en remettre au pouvoir exécutif en matière d'emploi. Les juges Neomi Rao et Gregory Katsas, tous deux nommés par Trump, ont estimé que le tribunal de première instance n'avait probablement pas compétence pour ordonner aux employés de reprendre le travail.
Leur décision a suspendu la partie de l'ordonnance du tribunal de première instance exigeant que l'administration “prenne toutes les mesures nécessaires pour rétablir les employés et les sous-traitants de l'USAGM dans leur situation antérieure” au décret.
La juge Nina Pillard, nommée par Obama, a déclaré, samedi, dans son avis dissident, que la décision équivalait à “faire taire la Voix de l'Amérique dans un avenir prévisible”.
VoA a été effectivement fermée après que Trump a signé un décret le 14 mars démantelant ou réduisant sept agences, dont l'Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM).
L'USAGM est une agence gouvernementale indépendante qui supervise VoA et distribue des fonds alloués par le Congrès à plusieurs radiodiffuseurs à but non lucratif qui fournissent des nouvelles et des informations dans près de 50 langues dans des pays ayant un accès limité ou inexistant aux sources médiatiques indépendantes.
Le gel par l'administration Trump des fonds approuvés par le Congrès pour Radio Free Europe/Radio Liberty, Radio Free Asia et Middle East Broadcasting Networks restera en place pendant que le procès suit son cours devant le tribunal.
La nouvelle patronne de USAGM, Kari Lake, une politicienne ultraconservatrice très proche de Donald Trump, a salué sur X une "GRANDE VICTOIRE judiciaire (...) et une énorme victoire pour le président" des États-Unis.
Un combat complexe
Quelques heures plus tôt pourtant, des avocats de l'organisation française "Reporters sans frontières (RSF) et de VoA (avaient) appris par un courriel du ministère de la Justice que les équipes de ce média emblématique de l'audiovisuel extérieur américain seraient en mesure de reprendre le travail dans les heures à venir", s'était réjouie RSF.
D'après ce message, "les comptes de 1.406 employés et contractuels de USAGM et VoA ont été réactivés" en vue d'un "retour des programmes la semaine prochaine".
Mi-mars, l'administration Trump avait mis en congé des journalistes et commencé à en licencier certains au sein de VoA, ainsi que dans d'autres médias publics.
"Sortir VoA du coma va demander du temps et un effort herculéen pour rétablir nos services en près de 50 langues et essayer de retrouver nos quelque 340 millions d'auditeurs d'avant la suspension d'antenne", a encore prévenu M. Herman, avant la décision de la cour d'appel.
La directeur de RSF Thibaut Bruttin a d'ailleurs appelé "à la prudence" face au "cheminement erratique de l'administration Trump" et réclamé que "des garanties soient apportées sur la pérennité du financement alloué par le Congrès américain à l'ensemble des médias de l'USAGM".
Voice of America, que l'on peut comparer aux services à l'étranger de la BBC ou de RFI, a été créée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Avec Radio Free Europe, née en pleine Guerre froide, et Radio Free Asia, créée en 1996, ces radios portent "la voix de l'Amérique" à travers le monde, notamment dans des pays dirigés par des régimes autoritaires.
Pour rappel, Donald Trump avait signé mi-mars un décret qui rangeait USAGM et ses 3.384 employés, parmi les "éléments inutiles de la bureaucratie fédérale".
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