MOYEN-ORIENT
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Un réserviste franco-israélien révèle les atrocités commises par l’armée israélienne
David Sellam, ancien soldat issu d’un milieu religieux et sioniste, livre un récit glaçant sur les exactions commises par des soldats israéliens qui tuaient par pur plaisir et désir de violence lors de son service militaire à Jérusalem.
Un réserviste franco-israélien révèle les atrocités commises par l’armée israélienne
Depuis mars 2024, plus de 140 000 Israéliens, civils et militaires confondus, ont rejoint un mouvement appelant à l’arrêt de la guerre à Gaza. / Reuters
13 mai 2025

Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, une vague sans précédent de contestation traverse l’armée israélienne, en particulier ses unités de réserve. 

Des centaines de soldats –anciens ou encore mobilisés– dénoncent ouvertement les exactions commises contre les Palestiniens et expriment leur rejet de la stratégie du gouvernement de Benyamin Netanyahu. 

À mesure que les mois passent, les lettres ouvertes, les vidéos de témoignages, les refus d'obéissance et les désengagements se multiplient, révélant une crise morale au sein de l’appareil militaire israélien.

Depuis mars 2024, plus de 140 000 Israéliens, civils et militaires confondus, ont rejoint un mouvement appelant à l’arrêt de la guerre à Gaza. 

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Selon les chiffres relayés par plusieurs médias israéliens, on compte parmi eux plus de 2 000 parachutistes, 800 membres des forces spéciales, 1 700 soldats d’unités blindées et environ 2 000 membres de l’armée de l’air. 

Les services de renseignement ne sont pas en reste : 2 000 membres actuels ou anciens du renseignement militaire, du Shin Bet ou du Mossad ont aussi exprimé publiquement leur opposition.

Parmi ces objecteurs de conscience, le témoignage de David Sellam au micro de Blast, est d’une rare lucidité qui révèle non seulement la gravité de la boucherie israélienne à Gaza, mais aussi la désillusion qui ronge une partie de la jeunesse militaire israélienne.

Ce réserviste de 28 ans qui a quitté son unité à la suite du 7 octobre, affirme que l’armée israélienne est devenue “une armée de conquête, une armée d’apartheid, une armée de colons”.

“Une sorte de violence intérieure”

Dans un long témoignage recueilli par les journalistes de Blast, Sellam raconte son parcours. Élevé dans une famille de colons ultra-orthodoxes de Jérusalem-Est, il quitte cette communauté à 20 ans pour “s’intégrer dans le pays” et rejoindre l’armée. Mais ce qu’il découvre sur le terrain ébranle ses convictions.

“Un pote à moi a tué un jeune de 16 ou 17 ans. Un gosse. Il était tellement fier de lui. (...) il n'avait pas reçu l'ordre de tuer, (...) Mais j'ai vu qu'il n'était pas menacé, il a fait ça parce qu'il avait une sorte de violence intérieure”, explique-t-il avec stupéfaction.

Ces scènes, Sellam affirme en avoir vues trop souvent pour les oublier : “J'ai compris qu'il y a quelque chose de très mauvais qui se passe. J'ai compris que l'armée israélienne a un très, très gros problème”.

Pour le jeune soldat, l’armée israélienne n’est plus un “simple instrument de défense”. Elle est, selon lui, instrumentalisée par un gouvernement d’extrême droite, obsédé par sa survie politique. Il explique que Netanyahu a besoin de la guerre pour rester au pouvoir, car le jour où elle s’arrête, ses alliés le “feront tomber”.

Il cite le ministre Bezalel Smotrich, chef du Trésor et figure de l'extrême droite, qui avait prétexté publiquement de la présence du Hamas pour poursuivre la guerre meurtrière d’Israël.

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“On devient tous terroristes”

Cette instrumentalisation du conflit, Sellamla la relie à un climat de peur savamment entretenu : “Tu parles d'un gosse palestinien qui est mort à Gaza, tu deviens un “terroriste” qui veut supporter le Hamas. C'est une pathologie un peu psychiatrique au sein du peuple israélien”.

La plupart des lettres de refus adressées aux autorités militaires ne font pas référence à des principes humanistes universels ou à la solidarité avec les Palestiniens, mais demandent avant tout la libération des otages israéliens. 

Ce silence sur les pertes civiles massives à Gaza a été critiqué par plusieurs observateurs. Sellam fait figure d’exception. Il affirme avoir signé une lettre pour l'arrêt immédiat de la guerre, la libération des otages et l’arrêt du massacre des Palestiniens à Gaza.

Dans une scène troublante, il se souvient d’un contrôle sur un checkpoint où un soldat israélien a humilié un citoyen palestinien israélien, lui renversant sa voiture sous prétexte qu’il aurait dissimulé une bombe : 

“Tout ce qui est arabe, tout ce qui est un peu palestinien, ou je sais pas, très clair, tout ce qui n'est pas juif même des fois, c'est très dangereux, c'est très grave. Donc l'État devient très très raciste, et même fasciste, spécialement l'extrême droite, elle est tout à fait dans le fascisme. Ce qu'ils disent, leurs idées c'est du fascisme pur, c'est du judaïsme qui n'a aucun rapport avec la majorité des juifs dans le monde”, fustige Sellam.

Il évoque aussi sa propre marginalisation dans sa famille ultra-orthodoxe : 

“On devient presque deux peuples. Le peuple juif fasciste et le peuple israélien qui veut vivre en paix avec les Palestiniens, qui comprend qu'il y a tout un peuple qui doit avoir un honneur, qui doit se faire respecter, qui doit avoir sa terre, qui doit avoir ses droits comme chaque autre peuple sur la terre”.

L’histoire de David Sellam n’est pas isolée. Elle rejoint d’autres témoignages de soldats israéliens revenus transformés, brisés ou révoltés par ce qu’ils ont vu. Ces voix dissidentes, longtemps étouffées ou marginalisées, forment aujourd’hui une mosaïque de conscience critique au sein de l’appareil militaire.

En Israël, le débat sur les atrocités commises à Gaza est désormais ouvert, même parmi ceux qui tiennent le fusil.

SOURCE:TRT Français
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