MAGHREB
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L’Algérie veut criminaliser le colonialisme
Une commission parlementaire commence ses travaux aujourd’hui. Elle doit élaborer une loi visant à criminaliser le colonialisme. Cette future loi se veut une étape dans la consolidation de la mémoire nationale.
L’Algérie veut criminaliser le colonialisme
Les hommes du général Bigeard arrêtant des Algériens en 1953 / Getty Images
26 mars 2025

C’est un cap dans la politique mémorielle de l’Algérie. La création de la commission a été annoncée dimanche dernier par le président de l’Assemblée nationale.

Cette commission parlementaire commence dès mercredi ses travaux. Elle va s’inspirer de projets similaires, tels que la résolution adoptée en février 2025 par l’Union africaine (UA), appelant à des réparations pour les crimes liés à l’esclavage et à la colonisation.

Les membres de la commission, qui vont également consulter des historiens et des spécialistes du droit, espèrent présenter un texte avant le mois de mai afin de l’insérer dans le processus législatif pour son adoption. 

Il s’agit pour l’Algérie de condamner officiellement la période coloniale française et in fine d’obtenir une reconnaissance officielle des crimes coloniaux.

Ce n’est pas la première fois que l’Algérie se lance dans un tel projet. La première tentative remonte à 1984, suivie de nouvelles propositions en 2001, 2006, 2017, 2020 et 2021.

En février 2005, le parlement français adopte une loi mettant en avant "le rôle positif de la colonisation", ce qui a été très mal perçu en Algérie et renforcé la volonté d’élaborer un texte criminalisant la colonisation.


Obtenir de la France la reconnaissance des crimes coloniaux

Une fois le projet de loi finalisé, il sera soumis au gouvernement pour avis avant d’être présenté au Parlement pour discussion et vote. Après approbation, le texte sera transmis au Conseil de la Nation afin de compléter son adoption officielle.

L’Assemblée algérienne a rappelé une série de crimes coloniaux reconnus tardivement par la France officielle, dont notamment la mort, sous la torture, de l’avocat Ali Boumendjel. Le président français Emmanuel Macron avait reconnu, le 2 mars 2021, que la mort de l’avocat était liée aux tortures subies, alors que la version officielle affirmait jusque-là qu’il s’était suicidé.

Outre ce crime, la chambre basse du Parlement algérien cite les enfumades de Dahra (1845) où des centaines d’Algériens ont été brûlés vifs dans des grottes, les crimes de Laghouat (1852). Lors de la conquête de l’Algérie, entre 1830 et 1849, l’armée française avait tué près de 700 000 “indigènes”, soit le quart d’une population alors estimée à trois millions d’habitants. 

Alger souhaite aussi la reconnaissance par la France de l’utilisation d’armes biologiques, des massacres du 8 mai 1945, qui ont fait plus de 45 000 "martyrs", de essais nucléaires dans le sud et de la pose de millions de mines antipersonnel tout au long des frontières avec le Maroc à l’ouest et à la Tunisie à l’est.

Cette initiative s’inscrit dans un climat de tensions diplomatiques croissantes entre l’Algérie et la France. Le sujet des crimes coloniaux est toujours tabou en France.  Ainsi, en début de mois, Jean-Michel Apathie a dû quitter la radio RTL où il était chroniqueur politique. Il avait été suspendu de l’antenne pour avoir rappelé les massacres coloniaux perpétrés par l’armée française en Algérie et a refusé de présenter des excuses pour des propos historiques exacts.

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